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Le blog présente la presse et l’actualité de NOLWENN FALIGOT ainsi qu’une série exclusive d’articles avec un point de vue singulier sur la mode, l’art et la culture ; en Bretagne, dans les Pays Celtes et au-delà.

ENTREVUE - Un jour avec Nolwenn Faligot... Le renouveau de la mode bretonne - Le Peuple breton

L'article paru dans le numéro d'avril du Peuple Breton : "Un jour avec Nolwenn Faligot... Le renouveau de la mode bretonne" écrit par Philippe Cousin.




"On parle plus souvent de musique, de chanson, de danse ou de langue à propos de la culture bretonne. Pourtant, il existe quantité d’autres domaines où elle est bien présente et s’affirme de plus en plus. Le monde de la mode est lui aussi marqué de son sceau. Nous avons rencontré Nolwenn Faligot, jeune styliste bretonne qui s’est confiée sur son travail, sa carrière et ses projets. Par Philippe Cousin


Nolwenn a grandi dans la campagne loperhetoise et, dès l’âge de 7 ans, s’est inscrite au cercle celtique Bleunioù Sivi de Plougastel. C’est en son sein qu’elle se familiarise avec le patrimoine dansé, musical et vestimentaire de Bretagne : « Très jeune, j’ai su que je voulais créer des vêtements, assure-t-elle. Durant mon enfance, j’ai eu la chance de beaucoup voyager à travers le monde et en particulier dans les pays celtiques. Grâce à cela j’ai eu la possibilité de m’ouvrir à d’autres cultures.

« Après un bac Arts appliqués à Brest, je suis partie faire des études de mode en Angleterre, dans les plus grandes écoles londoniennes. J’ai aussi eu l’occasion de faire un stage dans une grande maison à Tokyo, ce qui a en grande partie défini mon esthétique par le biais d’une culture très différente de la nôtre, mais où pourtant l’on retrouve des recoupements. « Au terme de sept ans d’études et mon master de la Central Saint Martins en poche, je pensais revenir en France. Mais une belle occasion s’est présentée pour partir travailler en Slovaquie, à Bratislava, pour une marque de luxe, défilant à la Fashion Week de Paris. J’ai été recrutée par un directeur artistique dont j’admire le travail et qui est devenu mon mentor. Je travaille d’ailleurs toujours pour lui en free-lance, ce qui m’a amené à voyager jusqu’à Hangzhou, en Chine. « Je suis restée trois ans à Bratislava, durant lesquels j’ai eu la possibilité d’évoluer pour finir senior designer et superviser l’ensemble des collections, de l’idée au défilé. Mais au terme de ces trois années, j’ai souhaité revenir aux sources dans ma Bretagne natale. » Nolwenn est une jeune femme bourrée d’idées et de projets et elle avait toujours imaginé créer sa propre marque. Même si elle reconnaît qu’elle pensait le faire un peu plus tard : «Cependant, la vision globale de l’entreprise (la création, le marketing, la communication...) que j’avais dans mon travail en Slovaquie m’a poussé à sauter le pas. De plus, mon désir était de valoriser la Bretagne par le vêtement et de créer quelque chose de nouveau, inspiré par l’âme bretonne, en faisant des vêtements confortables et élégants pour les femmes d’aujourd’hui, ce qui était inexistant. Il me fallait donc innover. Je pense qu’il y a la place pour ce projet, car le patrimoine vestimentaire est encore très peu revisité de manière contemporaine.» Au vu de l’identité de la marque, être installée dans une des capitales bretonnes et non une capitale européenne lui semblait tout à fait logique : « Bien que je sois basée à Rennes, je parcours constamment les différents pays de Bretagne et j’espère trouver une place prochainement dans chacun d’eux. Et, évidemment, j’espère aussi exporter mes vêtements à Paris et au-delà.»


Dès ses études, la Bretagne a été une des sources principales d’inspiration de Nolwenn, même en Europe centrale, où elle a d’ailleurs remarqué des similarités entre les costumes traditionnels et ceux de Bretagne : « Les créateurs s’inspirent de tout ce qui les entoure, partout et tout le temps, poursuit-elle. La Bretagne, que ce soit à travers son patrimoine vestimentaire, architectural, naturel, matériel ou immatériel, est pour moi un gisement inépuisable d’idées. » L’importance de l’ancrage régional est aussi la raison pour laquelle Nolwenn a souhaité rejoindre le réseau de la marque Bretagne ainsi que Breizh 5/5, car elle a à cœur de « redonner à la Bretagne », en soutenant notamment l’association Eau et Rivières de Bretagne, à laquelle elle reverse un montant sur chaque vente.


« Pour moi, la marque « NOLWENN FALIGOT » va au-delà des vêtements, et l’aspect culturel y est très important. C’est pourquoi, sur le blog du site Internet, on peut trouver des articles sur la mode et les arts d’hier et d’aujourd’hui en Bretagne, dans les pays celtiques et au-delà.»


Une mode « éthico responsable »

Nolwenn Faligot s’inspire de la tradition dans les coupes ou les détails. Mais celle-ci est revisitée, réinventée avec audace et modernité : « Il s’agit de se réapproprier une silhouette, un volume, un détail et le transposer dans un vêtement d’aujourd’hui, loin des clichés et des idées préconçues. Ce n’est pas un problème pour moi si tout le monde ne reconnaît pas l’inspiration bretonne, car elle est subtile. Il s’agit aussi de transcrire une identité et de se questionner sur ce qu’est être bretonne aujourd’hui. Et le plus important : faire un beau vêtement dans lequel on se sent bien. » Nolwenn Faligot dit souvent se référer à Val Piriou (1963-1995) : « C’est une des rares créatrices à s’être inspirée du patrimoine breton comme j’espère le faire à mon tour. Dans les années 1990, elle l’a fait avec innovation et recul pour créer des formes inédites et inattendues. Mais toujours avec un esprit breton, avec un travail de coupe et de réinterprétation du patrimoine vestimentaire. « Val Piriou, qui a connu un vif succès, surtout à l’étranger, est malheureusement décédée très jeune. Mais je suis persuadée que dans d’autres circonstances elle aurait permis de mettre la Bretagne sur le devant de la mode, notamment en France, et elle serait aujourd’hui connue à sa juste valeur. Lors de l’écriture de mon mémoire, j’ai eu la chance de rencontrer sa maman, elle-même historienne de l’art, qui m’a ouvert les portes des archives de Val et a ainsi renforcé mon enthousiasme pour cette grande créatrice. » Durant ses années d’études, dans le cadre de sa collection Breton Wave, Nolwenn a sollicité l’entreprise Armor Lux pour lui fournir du tissu de marinière et de caban : « Jean-Guy Le Floc’h, le PDG, a dès le début cru en moi et mes créations. Il m’a soutenue dans différents projets et a participé à l’organisation de mon premier défilé dans le cadre du Festival de Cornouaille en 2013. À la fin de mes études, nous avions évoqué une future collaboration, mais je suis partie en Europe centrale. » Mais à son retour en Bretagne, et dans l’optique de créer sa propre marque, Nolwenn est revenue vers Armor Lux pour revisiter leurs classiques du vestiaire marin, en y apportant son identité créative et son âme bretonne : « Après une première collaboration, qui a eu un beau succès à l’hiver 2020-2021, une deuxième « collection capsule », c’est-à-dire une mini-collection de quelques pièces ayant une identité propre, sort pour le printemps-été 2022. Et une autre sortira en septembre prochain. C’est une collaboration assez inhabituelle, car elle dure dans le temps. » Jeune femme engagée, Nolwenn Faligot a à cœur de respecter l’environnement : « Je parle de mode éthico-responsable pour les matières premières, limitant le transport et le gaspillage. C’est une mode qui respecte l’humain, les femmes et les hommes qui travaillent sur toute la chaîne de fabrication du vêtement. L’écoconception que je mets en place, c’est la création d’un produit en prenant toutes les étapes en considération pour avoir un impact moindre, jusque dans l’emballage de livraison. » La fabrication locale est une grande partie de cette réflexion, mais c’est aussi une autre façon de valoriser le savoir-faire breton (à Saint-Malo et à Rennes) : « Mes fournisseurs sont européens. Les tissus sont des cotons biologiques ou des cotons surcyclés (des fins de rouleaux inutilisés), notamment pour la maille rayée. Le lin et le chanvre, ayant un lien historique avec la Bretagne, sont eux aussi européens. Malheureusement, la Bretagne ne produit plus de lin textile, mais cela devrait, je l’espère, revenir d’ici quelques années. « La production en quantité limitée et le fonctionnement via la précommande sont des moyens responsables de limiter la surproduction et le gaspillage. Cela permet aussi d’apporter une certaine exclusivité pour des vêtements, parfois numérotés, qui ne se ressemblent pas et que l’on ne risque pas de croiser à tous les coins de rue », ajoute-t-elle non sans humour.


« Transcrire une identité et se questionner sur ce qu’est être bretonne aujourd’hui. Et le plus important : faire un beau vêtement dans lequel on se sent bien »

Une âme bretonne dans chaque vêtement

L’ADN de la marque « Nolwenn Faligot » est une âme bretonne que l’on retrouve dans chaque pièce : « Son esthétique est ce que j’appelle workwear chic, c’est- à-dire des vêtements amples et confortables tout en étant élégants et raffinés. On y trouve des robes, des chemises, des marinières, des pantalons. Mais aussi des accessoires, comme la capuche réversible, qui s’adapte à presque tous les manteaux. Des vêtements dans lesquels on se sent belle et bien à chaque instant. « L’inspiration bretonne est bien sûr entrelacée avec d’autres cultures, celtes et autres, à l’image de mon parcours. Les Bretons et les Bretonnes sont voyageurs et ont également été influencés par les voyageurs venus chez eux. C’est cette rencontre, cet échange qui m’inspire, d’où la devise de la marque : “L’empreinte de la Bretagne tournée vers d’autres horizons.” » Une précommande a eu lieu en février-mars et Nolwenn en prévoit une autre pour juin. De nouvelles pièces sont aussi en préparation pour l’automne. La participation à différents événements est attendue, dont un défilé au Salon de l’artisanat à Quimper, du 6 au 8 mai. Sans oublier les collaborations avec Armor Lux, notamment celle de printemps-été. De nombreux projets sont également prévus pour 2023, année du centenaire du Festival de Cornouaille, mais aussi de la création des Seiz Breur, dont l’une des fondatrices, Jeanne Malivel, inspire beaucoup Nolwenn. « On peut se procurer mes vêtements via la boutique en ligne ou en venant directement à l’atelier à Rennes. Et je compte de nouveau les présenter dans différentes boutiques éphémères, comme je l’ai déjà fait en 2021, à travers la Bretagne. Et j’espère forte- ment cette année trouver des revendeurs dans différentes villes. Pour le moment, seule une boutique à Pont-l’Abbé propose la capuche amovible. » "


Par Philippe Cousin - Le Peuple Breton - Pobl Vreizh - n°699

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